Notes techniques XIX. La couleur du son II. Le son pyramidal


Le concept de son pyramidal peut ne pas être familier à la plupart de ceux qui lisent ces lignes. C’est logique, car c’est un terme inventé par qui cela écrit pour décrire un phénomène que la plupart d’entre vous auront sûrement observé.

Dans l’article d’hier, nous avons expliqué de quelle manière les notes des différentes octaves sont produites sur un instrument à vent. Comme nous l’avons vu, les notes graves sont des sons fondamentaux, avec toute leur série d’harmoniques, et au fur et à mesure que nous montons, les notes sont obtenues en tant qu’harmoniques d’un ordre progressivement plus élevé de ces fondamentaux. Par exemple, le Ré medium comme deuxième harmonique du Ré grave et le Ré aigu comme troisième harmonique du Sol grave. Les notes aiguës sont ainsi plus faibles acoustiquement car elles ont perdu leurs harmoniques les plus graves, ce qui entraîne une relative étroitesse du son par rapport à celui des notes de la première octave.

L’une des principales caractéristiques qui définissent le son d’un bon instrumentiste est son homogénéité dans tous les registres, à la fois en timbre et en amplitude, de sorte que l’origine différente des notes doit être corrigée ou compensée d’une manière ou d’une autre. Mais comment?

Si nous demandons à un débutant de jouer une gamme en deux octaves —une fois qu’il connaît les doigtés, bien sûr—, lors de sa première tentative les notes à partir du Mi medium seront probablement basses, et encore plus du à partir du La. En réalisant cela, il est très probable que dans la deuxième tentative, il commencera à tenir davantage avec l’embouchure dans les notes moyennes et aiguës, car l’instinct lui dit —à tort— que ce sera le meilleur moyen de les assurer. Le problème est que cette correction est très instable et il est pratiquement certain que cette fois sadeuxième octave entière restera haute.

Ce graphique résume les deux premières tentatives pour atteindre la deuxième octave de nombreux débutants:

Dans le premier cas, la hauteur descend du fait que les notes moyennes et aiguës ne reçoivent pas suffisamment de vitesse de l’air —ce qui, comme nous l’avons vu dans d’autres articles et dans le Cahier d’étude, est essentiel pour compléter l’action de la clé d’octave—, et dans le second, il monte parce que une ouverture plus petite de l’embouchure comprime l’air et lui donne de la vitesse, mais de manière incontrôlée et généralement excessive.

Cette correction erronée a également une autre conséquence importante, car l’embouchure a une incidence directe sur le timbre du son en pouvant changer la proportion avec laquelle ses harmoniques sont exprimées. Si l’embouchure remplit sa fonction de connexion de la colonne d’air à l’instrument de manière détendue, elle permettra à l’anche de vibrer aussi librement que possible et en même temps de manière contrôlée, avec laquelle la série d’harmoniques du son sortira facilement. Mais si, au contraire, l’embouchure est trop rigide, elle atténuera ces harmoniques, ce qui réduira le son.

Si nous ajoutons à cela que les notes dans lesquelles on serre beaucoup sont les notes aiguës, qui sont les plus pauvres acoustiquement comme nous l’avons vu ci-dessus, nous sommes arrivés au son pyramidal: une forme avec une base solide et large qui s’effile au fur et à mesure qu´on monte jusqu’à ce qu’elle se ferme à un moment donné.

En revanche, la forme idéale à rechercher serait celle d’un son cylindrique, qui conserve la même amplitude sur toute sa hauteur —nous parlons évidemment d’images mentales qui nous aident à nous faire une idée de notre objectif—.

Gardez à l’esprit que tout au long de cette explication nous parlons de l’amplitude du son, pas du volume: une note en pianissimo peut avoir la même richesse sonore qu´une en forte, et cette richesse doit être recherchée dans n’importe quelle octave. Une autre correction erronée qui est souvent observée consiste à essayer d’obtenir des notes aiguës en les jouant systématiquement plus fort que les graves.

L’homogénéité de l’amplitude du son peut être obtenue en prenant soin de ne pas fermer les lèvres ou la gorge lorsque vous atteignez la tessiture moyenne-haute, et en recherchant la hauteur de ces notes de la bonne manière: avec un léger mouvement vers le haut de la partie arrière de la langue qui donne de la vitesse à l’air sans avoir besoin d’agir sur l´embouchure.

Vous devez également rechercher une plus grande résonance en ouvrant la gorge, afin de compenser la pauvreté harmonique de ces notes par rapport aux graves.

En règle générale, nous pouvons établir:

– Si nous détectons un son étroit, nous devons le corriger en ouvrant la bouche et la gorge et, si nécessaire, en compensant la perte de pression en déplaçant la langue ver le haut.

– Si nous trouvons le son décentré ou désaccordé, nous devons augmenter la vitesse de l’air de la même manière, en soulevant le dos et les côtés de la langue, mais sans serrer avec l’embouchure.

Un bon moyen de résoudre ce problème consiste à utiliser des exercices comprenant des notes des trois octaves, comme celui suggéré ci-dessous. Il est préférable de les pratiquer dans la même nuance et sans changer la dynamique, afin de reconnaître le mécanisme impliqué dans l’obtention des notes et d’éviter systématiquement d’atteindre les notes aiguës à travers un crescendo. L’objectif est d’obtenir le même volume et la même amplitude du son tout au long de l’exercice, en compensant autant que possible l’origine acoustique différente des notes de la manière expliquée ci-dessus.

JMR

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