Il n’est pas possible d’établir un moment précis pour commencer l’étude du vibrato car il y a des étudiants qui l´ont naturellement —c’est peut-être à cela que certains se réfèrent lorsqu’ils parlent de ressentir le vibrato— et d’autres trouvent cela plus difficile. Avec les premiers il suffira de s’assurer que le vibrato est contrôlé, produit de manière correcte et bien utilisé dans l´interpretation, mais avec ces derniers, le vibrato peut être utilisé comme un outil pédagogique dans deux circonstances très différentes.
Quand commencer à travailler le vibrato
Il y a des élèves qui ont déjà plus ou moins facilement atteint une émission stable et contrôlée qui n’a besoin que de ce complément pour disposer de toutes les ressources musicales applicables à leur interprétation. Dans ce cas, nous travaillerons le vibrato comme une fin en soi, en utilisant les exercices proposés dans les trois articles précédents en veillant à ce qu’ils n’interfèrent pas avec la technique d’émission déjà établie et que nous considérons correcte. Surtout, il faut s’assurer que la mâchoire n’est pas utilisée pour vibrer, ce qui entraînerait une perte importante de qualité de son.
En revanche, après quelques années d’étude du hautbois, d’autres ont encore du mal à détendre la gorge et l´embouchure, et il est nécessaire d’utiliser un exercice différent pour aider dans cette tâche. Avec ces élèves, l’étude du vibrato peut être utilisée comme un outil pour les aider à détendre leur technique d’émission, car si ellel n’est pas flexible, il est très difficile pour le vibrato de sortir correctement. Cette difficulté à réaliser le vibrato peut être utilisée comme symptôme pour montrer qu’il y a encore une certaine raideur là où elle ne semblait pas évidente. Tous les exercices proposés contribuent à rendre les mouvements du diaphragme et de la langue indépendants, ce qui contribue à les rendre plus souples et à les contrôler à volonté. De plus, pour obtenir un vibrato correct, il est nécessaire de maintenir une emboutchure détendue et ouverte, ce qui se traduit par une meilleure projection et amplitude du son. Il est intéressant d’insister sur les exercices proposés à la page 15 du Cahier d’Etude, dans la section Avant de commencer, car ils résument en quelques exercices tous les mouvements impliqués dans le vibrato et dans la relaxation de l’embouchure.
Comment utiliser le vibrato
Tout comme on ne peut pas proposer un moment précis pour commencer à travailler le vibrato, il n’est pas possible non plus d’établir une règle générale et communément acceptée sur son utilisation. Il y a beaucoup de littérature sur son adéquation dans chacun des styles musicaux et les caractéristiques qu’il devrait avoir en termes d’amplitude ou de vitesse, mais la règle principale à prendre en compte est que le vibrato est une ressource expressive qui complète le phrasé, mais il ne le remplace en aucun cas. Il ne faut pas tomber dans l’erreur d’essayer de cacher un manque d’idée musicale avec le vibrato, ou de masquer d’éventuels problèmes de justesse avec celui-ci.
Le vibrato peut être utilisé dans le phrasé pour souligner certains moments de la phrase ou en adoucir d’autres. Par exemple, un crescendo peut être renforcé s’il est accompagné d’un vibrato de plus en plus prononcé, ou un vibrato doux et peu marqué peut rendre une phrase en piano encore plus douce. Le vibrato peut également donner de la couleur à une note longue —rappelez-vous le Do aigu initial du Concerto de Mozart—. L’utilisation spécifique du vibrato est à la discrétion de l’interprète, mais en gardant toujours à l’esprit qu’il doit être soumis au phrasé et à la ligne musicale.
Du point de vue musical, tout aussi inintéressant est l’absence de vibrato que l’utilisation permanente d’un vibrato continu et monotone.
On peut voir très facilement chez les bons joueurs de cordes comment ils intègrent le vibrato dans leur phrasé. Si en plus de l’écouter, nous regardons les mouvements de la main gauche, nous pourrons voir comment ceux-ci varient en amplitude et en vitesse en fonction du vibrato souhaité. Dans notre cas, les mouvements dont nous avons besoin pour vibrer sont cachés, mais avec la bonne technique, la même richesse de différents types de vibrato peut être obtenue avec les instruments à vent qu’avec les cordes.
Comment travailler le vibrato comme ressource musicale
Dans les exercices que nous avons proposés dans les articles de cette semaine, nous avons abordé l’étude du vibrato d’un point de vue purement technique. Son application musicale peut être travaillée très efficacement sur l’un des piliers de base de la littérature d’étude pour hautbois, les 48 Études Op.31 de W. Ferling.
Dans ce livre, nous pouvons trouver des études très lentes — comme les numéros 15 et 39—- dans lesquelles travailler un vibrato régulier de la même manière que dans le Cahier mais avec une idée musicale plus marquée, et d’autres plus mélodiques dans lesquelles nous pouvons décider à quels moments de la ligne mélodique nous pouvons inclure ou éliminer le vibrato comme l’exige le phrasé, les points que nous voulons souligner et ceux à détendre.
Dans les œuvres de répertoire, nous devons veiller à utiliser le vibrato de la même manière: comme un des éléments du phrasé, et non comme substitut.
JMR