Dans l’article précédent, nous décrivons brièvement les différentes parties qui composent la colonne d’air et l’utilisation que nous pouvons en faire pour contrôler l’émission du son avec notre instrument. Dans celui que nous proposons aujourd’hui —initialement publié en espagnol en janvier 2015— aujourd’hui, nous nous concentrerons sur la base de cette colonne: une inspiration et un soutien correct dans le diaphragme.
Le principe de base d’une respiration correcte est une bonne inspiration, sans aucun doute, mais toujours adapté aux besoins réels de notre instrument. En ce sens, le hautbois présente certaines particularités qui le différencient du reste des instruments à vent. La différence fondamentale est qu’il consomme très peu d’air par rapport aux autres instruments.
On peut une courte expérience pour le vérifier: nous nous vidons complètement d’air et, sans inspirer à nouveau, nous commençons à jouer une longue phrase. Nous vérifierons que c’est parfaitement possible. Bien sûr, au prix de perdre la stabilité et la qualité sonore et de risquer des étourdissements.
Nous pouvons également faire l’exercice inverse: nous faisons une inspiration complète en prenant le plus d’air possible, et nous essayons d’enchaîner plusieurs phrases d’une durée raisonnable, en respirant toujours de cette façon. Nous verrons que le principal problème que nous aurons sera de nous débarrasser de l’excès d’air avant de nous remplir d’air oxygéné. Sûrement par la troisième phrase, nous serons aussi étourdis ou plus que dans le premier exercice.
Dans de nombreux traités sur la respiration avec des instruments à vent, la description des différents types de respiration —diaphragmatique, intercostale, claviculaire, complète— est soulignée, en mettant l’accent sur la réalisation d’une grande capacité, ce dont la plupart des instruments à vent ont besoin.
Mais ce n’est pas le cas du le hautbois, car nous devons prendre juste la bonne quantité d’air. Sans excès, mais —et c’est le fondamental— cet air sera toujours bien soutenu dans le diaphragme. Ce support est ce qui nous fournira la stabilité sonore et la facilité d’émission que nous voulons. Il est inutile de porter un air dont nous n’aurons pas besoin même dans la plus longue des phrases écrites pour le hautbois. Nous manquerons d’oxygène bien avant de nous vider.
Ceci est le point le plus important et pas toujours bien expliqué: pas toujours plus d’air c’est mieux.
L’élève doit apprendre dès le début à inspirer correctement et à diriger l’air là où il le souhaite, la base des poumons. Il existe de nombreux exercices préparatoires qui n’ont pas besoin d’être expliqués en détail ici, par exemple:
- L’élève allongé sur le sol avec un petit poids sur l’abdomen —l’étui hautbois par exemple— pour vérifier comment, en inspirant, il est capable de le soulever.
- Assis sur une chaise, les jambes écartées, nous rapprochons nos coudes et entrecroisons nos doigts. Ensuite, nous nous baissons et mettons notre tête entre nos genoux. De cette façon, nous fermons la partie supérieure des poumons et l’air ne peut aller que là où nous le voulons.
- Debout devant un miroir, avec nos mains sur notre taille pour voir comment ils s´écartent lorsque nous respirons correctement.
Grâce à ces exercices et à d’autres similaires, l’élève ressent le passage de l’air et peut diriger sa respiration où il le souhaite, jusqu’à ce que la respiration diaphragmatique soit sa façon habituelle de respirer, pas seulement lorsqu’il joue de son instrument.
La respiration comme exercice de détente
Ce type de respiration est à la base de tout bon exercice de détente. Lorsque nous sommes calmes, notre respiration est plus lente et plus profonde, et lorsque nous sommes nerveux, cela devient superficiel et plus élevé. Mais aussi —et c’est le plus intéressante— le processus de cause à effet peut être inversé: si nous réalisons que nous sommes nerveux et que nous respirons lourdement, nous pouvons faire un effort conscient pour retrouver la sensation de soutien dans le diaphragme. Avec cela, nous serons en mesure de réduire les pulsations et donc réduire notre niveau de tension.
Une astuce qui fonctionne généralement lorsque l’on est fatigué, nerveux ou déconcentré au milieu de la performance —ce qui nous est arrivé à tous— est la suivante: pendant les mésures d’attente avant notre solo, pendant que nous écoutons l’introduction de l’orchestre, à l’approche notre entrée, lorsque la tension peut augmenter, lorsque le stress peut faire son apparition, asseyons-nous droit dans la chaise, ou sentons le poids du tronc sur la taille si nous jouons debout, et nous vidons complètement d’air. Concentrons notre attention sur la musique que nous écoutons et dont nous faisons partie, prenons une seule inspiration profonde et… entrons dans notre solo comme s’il n’y avait rien d’autre autour de nous.
Avec cette respiration profonde, nous aurons réussi deux choses à la fois: contrôler les nerfs et positionner l’air de la façon la plus pratique pour jouer. Inspirant comme ça, il n’est pas nécessaire de faire un effort pour souffler, l’air veut partir tout seul.
À partir de là, tout devient plus facile: il suffit de simplement laisser l’air circuler et ne penser qu’à ce que nous voulons faire avec notre instrument, avec la certitude que le son sera là, qu’il restera ferme jusqu’à la fin de la phrase —même la plus longue— avec le sentiment que les notes sont intégrées dans une ligne invisible avec laquelle nous pouvons jouer à notre goût.
Le contrôle de la respiration, savoir la moduler à volonté, est essentiel pour pouvoir l’utiliser comme référence lorsque dans une situation stressante il faut avoir quelque chose à quoi s’accrocher jusqu’à ce qu’on trouve le point de concentration que l’on a peut-être perdu.
Dans un exercice spécifique de détente, nous sommes dans des conditions idéales et nous avons tout le temps dont nous avons besoin. À ce moment, nous pouvons reconnaître le sentiment de paix et de sécurité que la respiration nous donne. Avant le concert, nous n’aurons sûrement pas beaucoup de temps, mais si nous avons travaillé la relaxation correctement et régulièrement, nous pouvons retrouver ce sentiment avec un bref exercice de quelques minutes. Et pendant le concert quelques secondes suffisent pour diriger notre attention sur la respiration et reprendre le contrôle.
La base de tout est dans le souffle. Sans lui, le son ne fonctionne pas, mais ni l’accordage, ni l’articulation, pas même la mécanique des doigts. Mais l’avantage est que nous pouvons travailler sur la respiration et approfondir sa maîtrise à tout moment de la journée.
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JMR